Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

persiennes et soigneusement arrosé le pavé. Des arabesques humides s’y entrelaçaient agréablement. Olympia s’était endormie en pensant que ce collier terrestre de gouttes d’eau ne valait point celui que lui avait promis Nicolas. Elle comptait lui rappeler sa promesse aujourd’hui même…

Elle dormit d’abord assez longtemps sur le côté, la joue sur son bras, une jambe allongée, l’autre un peu remontée. Un de ses seins s’écrasait doucement contre le drap. Ses reins se creusaient. Le sommeil le plus profond est rarement immobile, il a ses mouvements secrets ; le corps, de lui-même, cherche ses aises, de telle sorte que, d’elle-même, Olympia se retourna. Elle dormait maintenant sur le dos, les bras sous la nuque, les seins égaux, les jambes longues. L’ampleur de la cuisse faisait plus délicate la rondeur polie du genou. C’est ainsi qu’elle s’éveilla. M. de Galandot était debout auprès du lit. Il tenait à la main un grand écrin de maroquin rouge, et Olympia l’en vit sortir et lui passer au cou un magnifique collier d’émeraudes. Elle sentit sur sa peau la fraîcheur des pierres et du métal.

M. de Galandot restait immobile et silencieux. Olympia comprit que l’instant décisif était venu. Souple et rapide, elle saisit M. de Galandot par les poignets et le pencha de force sur elle. Ses mains molles et tremblantes se défendaient à peine. Tout à coup il trébucha et tomba à demi sur les draps. La canne, l’écrin et le chapeau roulèrent à terre. Soudain M. de Galandot se releva. Il était à genoux sur le lit, les bras tendus dans une attitude d’épou-