Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/350

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bets et les confitures, lâchant hors de propos ce qu’elle tenait et s’inquiétant fort peu du dégât de sa toilette.

On la revit donc les pieds nus dans ses mules jaunes, la poitrine à l’air, la chevelure nouée au hasard, la lèvre humide et la bouche rieuse, rôder du haut en bas de la maison, suivie aux talons par sa chienne carline et par M. de Galandot qui marchait derrière elle avec ses gros souliers à boucles, en son habit gris trop large, car il avait maigri encore, sa figure osseuse sous son ample perruque, et ne la quittant pas plus que son ombre.

À mesure qu’il la fréquentait, elle se gênait moins avec lui. Son langage, qu’elle avait observé pendant un temps, revenait au naturel, avec ce qu’il avait de populacier et de cynique, car les soins de la bonne Mme Piétragrita n’en avaient jamais pu enlever toutes les hardiesses. Elle portait trop au fond d’elle cette langue des rues qu’avait parlée son enfance pour l’avoir perdue entièrement, et le cardinal Lamparelli, qui en aimait la verve crapuleuse, riait aux larmes de ces retours populaires qui mettaient à la bouche de sa maîtresse l’ordure salée et sonore des bouges et des carrefours.

Les commensaux ordinaires d’Olympia appréciaient fort cette crudité de ses propos. Ils s’amusaient de ses boutades. C’étaient pour la plupart gens de vie scabreuse, car Angiolino avait de singuliers amis. On voyait là des abbés faméliques aux joues maigres qui cherchaient fortune autour