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XI


Quand M. de Galandot se trouva, sans savoir comment, hors du palais Lamparelli, il demeura un moment devant la porte, incertain et comme hébété, à regarder l’écu d’or qui, à plat, dans la paume de sa main, y miroitait aux rayons du soleil couchant. C’était une de ces fins de journée d’automne, sobres et glorieuses ; l’air sec et limpide semblait nourri d’une sorte d’énergie fluide. De grands nuages colorés passaient au ciel ; ils y séjournaient juste assez pour prendre des formes harmonieuses ou héroïques, et ils s’en allaient pompeusement en leur splendeur vaporeuse. Dans la franche et saine clarté de l’air, les choses paraissaient comme durables, situées à leur distance vraie, avec leurs proportions exactes. Un vent modéré circulait.

M. de Galandot s’était mis à marcher ; il allait au hasard, les yeux fixes et les poings fermés. À l’angle d’une rue, il hésitait un instant, s’essuyait le front. La brise soulevait un peu les longues basques de son habit et il repartait, parlant haut et gesticulant.

Rome était splendide à cette heure, lumineuse