Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/377

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se ravisa, refit le tour de la maison, monta l’escalier de la terrasse et heurta la porte d’entrée. Elle était disjointe, mais soigneusement close et solide sur ses gonds. Découragé, il s’assit sur la dernière marche.

Le crépuscule commençait à s’obscurcir. M. de Galandot, à voix basse, balbutiait des mots incompréhensibles. Il les répéta plusieurs fois, d’abord à lui-même, puis, comme s’il s’adressait à quelqu’un : « C’est ma maison… Laissez-moi entrer. Je veux entrer. Vous savez bien que je ne suis pas Jacopo. Je suis Galandot, M. de Galandot, le comte de Galandot. »

À son propre nom dit tout haut, il s’était levé brusquement. Son visage était rouge de colère. Il tremblait, ses genoux entrechoquaient leurs rotules. Il recula de plusieurs pas, puis, saisi d’un transport subit, il revint au battant et le frappa du poing et du pied. Personne n’aurait reconnu dans cet énergumène inattendu le grave et doux M. de Galandot. C’était à croire que, contagieuse, la folie du cardinal lui avait dérangé la tête et fait perdre le sens. Les coups retentissaient sourdement dans le silence. La porte ne cédait pas. Alors il redoubla. Il prenait son élan et se ruait contre l’obstacle. Les basques de son habit volaient derrière lui. Il s’acharnait. Soudain, il poussa un cri. Un long clou, dont la pointe sortait du bois vermoulu, l’avait blessé. De douleur il ouvrit la main ; la pièce d’or qu’il y tenait serrée roula, décrivit un cercle et s’aplatit sur le sol avec un petit bruit sec.

M. de Galandot la suivit des yeux. Il lui sem-