Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/379

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pleine de choses endormies. Les poules et les pigeons de la vieille Barbara y sommeillaient perchés ou accouvis. Ils se réveillaient peu à peu. Un gloussement inquiet répondait à un frisson d’ailes étirées, puis un remue-ménage silencieux s’y produisit. Le trouble augmentait. Un pigeon s’envola par-dessus la tête de M. de Galandot, tandis qu’une grosse poule effarouchée lui glissait entre les jambes.

Le poulailler tout entier était debout maintenant et s’enfuyait. Un vacarme étouffé remplissait la voiture, et ce fut souffleté d’ailes peureuses et furtives que M. de Galandot, monté sur le marchepied, effaré, dans un tourbillon de duvet épars et de graines soulevées, se laissa tomber sur le coussin troué, parmi les œufs brisés des pondeuses, et pleurant, trépignant, suant la fièvre, s’y affaissa comme dans un refuge, comme si la vieille voiture qui l’avait amené jadis pouvait, au galop de ses chevaux imaginaires, sur les routes de France, le reconduire dans son passé.