Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/381

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tout d’abord conter ses transes. M. Dalfi ne savait rien. Au palais Lamparelli, Angiolino apprit que M. de Galandot avait fidèlement porté les singes. La caisse s’y trouvait encore. À partir de là, on perdait sa trace. Il n’avait pas dû aller bien loin sans argent.

Olympia et Angiolino se reprochaient l’un à l’autre l’escapade du bonhomme. Ils se rendaient bien compte qu’ils avaient peut-être un peu abusé de lui par leur façon de le traiter ; mais, au lieu d’en convenir, ils préféraient se quereller à ce sujet, tout en se promettant intérieurement, quand il reviendrait, de ne s’en prendre qu’à lui de l’alerte qu’il leur causait. Pourtant il ne revenait pas. Aurait-il été attiré dans quelque guet-apens ? Sa mine n’était guère faite pour tenter les voleurs, et Angiolino, toujours bouffon, malgré ses inquiétudes, imitait la démarche et les ridicules du vieux gentilhomme, tandis qu’Olympia apostrophait à distance le fugitif. En tout, ils riaient jaune, quoique l’absent eût déjà laissé en leurs mains de belles dépouilles ; mais le pire était que leur déconvenue finissait par les tourner contre eux-mêmes.

Aussi, le matin du second jour qui suivit la fuite de M. de Galandot, les choses allaient-elles fort mal dans la chambre où Olympia et Angiolino étaient encore au lit. Dès son réveil, Olympia avait commencé à geindre jusqu’à ce qu’Angiolino agacé eût répondu par un grand soufflet qui rabattit la signora sur son oreiller d’où elle se redressa d’un bond et fit face à son amant en poussant des