Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/395

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pierres dont il portait toujours dans ses poches un assortiment varié.

Mais, cette fois, le résultat fut tout autre. L’Anglais resta froid. Une rougeur lui monta bien au visage ; mais, au lieu de se résoudre en rire, elle se termina par un épouvantable coup de poing qui effondra avec toute sa verrerie la table devant laquelle il était assis. En même temps, Angiolino se sentit pris au collet, enlevé de terre par les mains du milord qui jurait à tue-tête ses goddam les plus vigoureux. L’alerte passée, Angiolino tout ébahi entendit M. Tobyson de Tottenwood exiger que désormais M. de Galandot reprît en sa présence une place conforme à son rang et qu’on mît fin au traitement déshonnête qu’on lui faisait subir.

Trois jours donc après cette algarade qui s’acheva par la visite de Cozzoli, M. de Galandot, vêtu d’un superbe habit de velours pistache, passementé d’or sur toutes les coutures, parut à table. M. Tobyson, ravi de son œuvre, but et mangea surabondamment et voulut que son nouvel ami lui fît raison, si bien que le pauvre M. de Galandot, dont la santé branlait de plus en plus, s’en fut coucher en fort mauvais état.

Un inconvénient inattendu commençait pour lui. M. Tobyson l’avait pris en amitié et ne pouvait plus se passer de sa présence ; mais M. de Galandot n’approchait son bienfaiteur qu’avec un grand trouble et une terreur manifeste. La haute taille de l’Anglais, sa corpulence, ses poings énormes, sa grosse voix l’épouvantaient. Le moindre de ses