Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/399

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tira du commun et fit honneur à sa jolie figure. Ce riche et généreux seigneur, sa fantaisie passée, laissa le jeune garçon les poches pourvues et des bagues de prix à tous les doigts et en état de se présenter décemment au cardinal Lamparelli.

La proposition champêtre d’Angiolino fut loin d’agréer à M. Tobyson qui ne montra nulle disposition à visiter des curiosités auxquelles il se sentait fort indifférent, car il avait une façon assez particulière de voyager. Sauf le vin et les femmes qu’ils pouvaient fournir, il se préoccupait assez peu des pays qu’il traversait. Aussi passait-il volontiers ses journées à l’auberge. Il y recevait les joailliers de l’endroit, car il était grand amateur de pierres et de bijoux, et c’était merveille de le voir toucher les plus fragiles et les plus délicates de ses fortes mains de boucher et d’assommeur. Partout il achetait les plus belles pièces et les envoyait à Londres à sa femme qu’il ne voyait jamais et qui y vivait nabote et contrefaite, parée comme une châsse, tandis que son gigantesque mari courait le monde en troussant les filles et en vidant les bouteilles.

Au gré de M. Tobyson, on se mit donc à table et les lampées commencèrent. Les rasades suivirent qui menèrent la compagnie assez tard dans l’après-midi. Enfin, après une dernière buverie, M. Tobyson déclara qu’il allait partir et ordonna qu’on attelât sa chaise de poste. Angiolino et Olympia sortirent pour hâter ses ordres et il se trouva seul à table en face de M. de Galandot.

M. de Galandot était assis silencieusement, les