Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/408

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chandelle charbonnait, il la moucha avec ses doigts et ajouta :

— « Qu’il crève sans nous ! »

Ils se taisaient, pensant tous deux à la même chose. Si M. de Galandot allait mourir sans signer le reçu de M. Dalfi ? Il s’agissait cette fois d’une somme importante qui, jointe à toutes celles que, depuis des années, ils tiraient du bonhomme, les faisait définitivement riches. Ils se voyaient à Frascati. La villa qu’ils venaient justement de visiter reparaissait à leurs yeux ; elle était blanche dans la verdure, avec une colonnade ; des fenêtres, on découvrait au loin la campagne nue jusqu’à la ligne bleue de la mer. Olympia entendait déjà le bruit de ses mules de satin jaune sur l’escalier de marbre. Elle se voyait accoudée sur la terrasse auprès d’un vase de myrte où roucoulerait une colombe perchée. En été, on viendrait chez eux. Le vieux Tito Barelli, avec sa mine de vieille femme, y conterait des cancans et des nouvelles en mangeant un sorbet à la neige, pendant que le fard fondrait comiquement à ses joues ridées. On jouerait aux cartes… Elle se baignerait en des eaux froides… Mais, pour cela, il fallait que M. de Galandot signât le reçu de M. Dalfi. Ils se regardèrent et lurent la même pensée en leurs yeux.

— « Vas-y, dit Olympia ; où est le papier ?

— Non, descends, répondit Angiolino ; il signera mieux avec toi.

— Mais non, c’est toujours toi qui lui tiens la main. »

L’idée de toucher cette main de mourant, de la