Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/412

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encore ? Tu verras comme tu signes bien et tu ne te croiras plus du tout malade. Tiens, je crois qu’Angiolino a le papier. Angiolino, donne-moi l’écritoire et la plume d’oie. »

Elle cherchait à lui mettre la plume entre les doigts sans y réussir. Peu à peu elle s’impatientait. Le souffle rauque et court lui montait à la figure.

— « Signe donc ! lui cria-t-elle durement, tout à coup, menaçante, de doucereuse qu’elle feignait d’être jusque-là ; signe donc ! Il fait froid ici. Tu vois bien que j’ai les pieds nus sur le pavé. Je suis en chemise et j’ai perdu une de mes mules dans l’escalier tant je me suis pressée de venir. Signe donc, signe… Ah ! le gredin ! »

D’un geste violent, M. de Galandot avait rejeté les draps. Une odeur pauvre et sèche sortait de la couche fiévreuse, et on vit pendre le long du lit une jambe étique et une cuisse maigre.

Angiolino, qui attendait assis sur le fauteuil boiteux, se releva d’un bond. Il n’avait plus peur du tout.

— « Laisse-le donc crever s’il veut, ce vieux fou, et va te coucher, Olympia. Moi, je saurai bien le décider à signer et sans tant de façons. Ah çà ! crois-tu que tu vas t’en aller ainsi en nous crachant au nez ton âme de vieux sot ? Voyez-moi le bon seigneur ! sa carcasse pour tout cadeau. Les vers mêmes n’en voudront pas. Nous l’as-tu assez promenée sous les yeux depuis cinq ans ! Allons ! allons ! M. Tobyson n’est plus là, mon gentilhomme. Ah çà, videur de pots, signeras-tu ? »

Il jura effroyablement et tâcha de maintenir de