Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/417

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un homme perdu. Des brillantes destinées que lui augurait M. Laverdon, il en choisissait une qui paraissait à l’ambitieux perruquier indigne d’un grand cœur. Eh quoi ! cette petite Fanchon était une fille sans importance, bonne tout au plus à l’amusement d’un après-souper ou à la passade d’un après-midi ; une fillette sans passé, qui n’avait même point le mérite d’être courue et disputée. Et encore il joignait à cela le ridicule d’une passion si jalouse qu’il enlevait la demoiselle au plaisir public pour la mieux réserver au sien, s’ôtant ainsi la chance de partager avec quelque ministre ou quelque traitant un cœur dont il eût été amusant de recevoir librement les faveurs secrètes, tandis qu’un autre en eût obtenu avec peine les coûteuses complaisances. Mais non ! M. de Portebize filait le parfait amour. La moindre présidente eût mieux valu aux yeux de M. Laverdon ou même une simple femme de finance, quoique M. de Portebize eût pu prétendre à tout, car, après Mlle Damberville et l’éclat universel de son aventure avec elle, il n’était point de duchesse à la cour qui n’eût agréé ses hommages. Certes M. de Portebize avait eu à cet instant toutes les femmes à sa portée. Les plus difficiles lui fussent devenues aisées ; mais une pareille vogue, quand rien ne la renouvelle, tombe vite. M. de Portebize préférait l’amour à la gloire et M. Laverdon, haussant les épaules, disait de lui, mélancoliquement et avec quelque dédain : « C’est un homme à ne plus coiffer. »

Tout au contraire, le bon abbé Hubertet avait