Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/432

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cannelures autour d’un socle de pierre en forme de tombeau sur lequel reposait une grande urne de bronze vert, celle que M. de Galandot avait jadis trouvée près de la porte Salaria et que l’abbé Hubertet avait léguée à François de Portebize. Parfois l’une des colombes que nourrissait Fanchon venait s’y percher un instant. On entendait sur le métal le grincement des pattes écailleuses ou le frottement du bec de corne. Puis l’oiseau s’envolait, et le vase restait seul debout.

C’était à ce monument, que François de Portebize avait fait élever à la mémoire de son oncle, où se réunissaient, à la brume, Basque et Bourgogne et où venait les rejoindre la jolie Nanette. Elle arrivait, tamponnant d’un mouchoir sa joue fraîchement giflée, et tous les trois, sans souci de la dignité du lieu, s’y livraient en paix, dans l’ombre ou au clair de lune, à mille petits jeux indécents, sans savoir qu’ils ornaient ainsi de vivants et mobiles bas-reliefs le piédestal qui portait vers le ciel, rigide et majestueuse en son bronze verdâtre, l’urne de Galandot le Romain.


FIN



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