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V


Depuis cette importante conversation entre Mme de Galandot et l’abbé Hubertet, la vie avait continué à Pont-aux-Belles avec sa même uniformité quotidienne. Il restait de l’entretien, dans l’esprit de l’abbé, une vue assez nette du caractère secret de Mme de Galandot. Il l’avait saisie sur le fait de son étrange égoïsme maternel. Sans ignorer que le penchant s’en trouvât chez toutes les mères, il n’en imaginait point de plus conséquente avec elle-même, capable comme celle-là de méthode et de principe et en état de se justifier par des raisonnements qui avaient grand air de raison et semblaient descendre de haut ; car Mme de Galandot était principalement une jalouse, et sa jalousie allait jusqu’à être moins spirituelle que, si l’on peut dire, matérielle.

En effet, sûre de l’esprit de son fils, elle ne l’était pas de ses sens et par eux il lui échappait et tombait sous le risque de quelque domination étrangère à quoi elle ne pourrait rien. De là cette aversion subtile et forte à la fois pour le mariage de Nicolas et les scrupules bizarres qu’elle s’en était faits volontairement. L’abbé, doué de finesse,