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LA DOUBLE MAÎTRESSE

M. Nicolas le fût devenu par lui-même et que vos conseils eussent suffi à diriger un si heureux naturel, mais l’abbé a contribué, pour sa part, à joindre à un cœur que vous avez formé un esprit qu’il travailla de son mieux à nourrir et à orner. »

Nicolas n’était-il point versé aux lettres antiques, latiniste accompli ? L’évêque n’en voulait pour preuve que les belles sentences cicéroniennes échangées entre eux à la descente du carrosse. Nicolas n’avait plus rien à apprendre.

— « Le voilà tout à fait homme, concluait M. de la Grangère et capable non seulement de soutenir l’honneur de sa maison, mais encore d’y ajouter. »

Mme de Galandot, tout en exprimant les regrets de circonstance, acceptait assez bien le départ de l’abbé qui depuis quelques semaines ne cessait de la harceler au sujet de la petite Julie et qu’elle commençait à trouver importun.

Il y avait là un banc de pierre. L’évêque et Mme de Galandot s’y assirent pour continuer l’entretien. Un vent léger faisait frissonner les cheveux gris de Mme de Galandot, et M. de la Grangère, le nez un peu rouge par la fraîcheur de l’air, l’écoutait finement se complaire au détail de ses labeurs maternels.

— « Oui, Madame, si l’abbé a sa part de la bonne éducation de M. votre fils, répliqua, quand elle fut au bout, le malin prélat en saisissant une pente favorable à son projet, vous y avez la vôtre, et la plus belle, qui revient aux exemples de votre haute vertu. Ah ! je comprends, Madame, votre