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LA DOUBLE MAÎTRESSE

L’évêque entama alors l’éloge de l’enfant. Mme de Galandot, levée brusquement du banc de sa défaite, allait à grands pas vers le château. M. de la Grangère la suivait sur ses courtes jambes, tout guilleret de cette retraite précipitée et de cette colère. On croisa Nicolas et l’abbé Hubertet. L’abbé venait de mettre son élève au courant de sa décision et de ses projets de voyage ; tous deux pleuraient. Ils marchèrent derrière l’évêque qui reprenait haleine auprès de Mme de Galandot enfin ralentie et modérée. De temps à autre on entendait le pauvre Nicolas se moucher bruyamment.

On arriva au carrosse. Tout le monde faisait cercle quand, la portière ouverte, on vit le gros chanoine goutteux assis nu-tête sur la banquette du fond et, sur l’un de ses genoux, Mlle Julie, que l’évêque avait amenée en cachette avec lui, coiffée de la perruque et, au nez, les bésicles du pauvre M. Durieu qui, rouge et effaré, ne savait quelle contenance prendre ni comment se débarrasser de l’importune.

Ce fut en cette bizarre posture que Mme de Galandot fit la connaissance de sa nièce. On convint qu’elle passerait cette fois deux ou trois jours à Pont-aux-Belles et que l’abbé la reconduirait au Fresnay, d’où elle venait, avant de rejoindre son nouveau poste auprès de M. de la Grangère qui, ayant pris congé de la compagnie, mit le soulier au marchepied.

Le gros cocher fouetta les chevaux ; les roues tournèrent, laissant dans la cour de Pont-aux-Belles, auprès de Mme de Galandot, entre l’abbé