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pièces. Le tout était couvert quelquefois en bardeaux, le plus souvent avec des roseaux ou des morceaux d’écorce. Les meubles étaient façonnés avec des quartiers d’arbres encore bruts, et les ustensiles presque tous en bois grossièrement ouvragé[1].

D’Aulnay vivait, dans cette petite principauté, en seigneur rustique, comme une sorte de Robinson féodal ; mêlant les habitudes de la gentilhommerie berrichonne aux occupations plus excentriques que nécessitait une colonie naissante, il partageait son temps entre la gestion de ses fermes, les excursions qu’il poussait dans l’intérieur parmi les indiens, et la surveillance des travaux toujours renaissants, par laquelle il cherchait à développer cette création coloniale à laquelle il s’était voué sans réserve. Chaque printemps d’Aulnay vendait aux navires qu’appelait sur ces côtes la pêche de la morue, les pelleteries qu’il avait ramassées pendant l’hiver ; on lui livrait en échange du fer, des outils, de la poudre, quelques étoffes et autres marchandises d’Europe. Son père, le vieux sire d’Aulnay de Charmisay, et sa famille, se maintenaient d’ailleurs en relations constantes avec lui, et c’est par leur intermédiaire qu’il sollicitait à la cour, dans les litiges et autres difficultés qu’il eut à surmonter, car son père était un seigneur bien posé, ayant du crédit auprès des ministres et possédant un hôtel à Paris, rue de Grenelle-Saint-Germain[2].

Malheureusement d’Aulnay, trop sûr de ses avantages, ambitionnait de dominer en maître sur toute

  1. Rameau, p. 80 et 82.
  2. Rameau, p. 83.