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tion de familles nouvelles dans un pays nouveau. Le Canada, après l’avoir intéressé, l’ennuyait. Il s’étonnait d’apprendre qu’il y eût encore là quelque chose à faire, que la colonie eût encore besoin d’hommes et de secours[1]. L’autocrate à courte vue qui ne distinguait pas les peuples derrière les rois, malgré l’avertissement solennel de l’échafaud de Charles Ier, s’étonnait aussi que les colons anglais osâssent entreprendre quelque chose contre la Nouvelle-France, quand il était lui-même en relations étroites avec son cousin d’Angleterre. Il fit mander à son gouverneur, M. de la Barre, qu’il ne s’inquiétât plus des Anglais, attendu que le colonel Dungan, le commandant de New-York, avait reçu de son souverain l’ordre de vivre en bonne intelligence avec nos colons et de les soutenir au besoin. L’ordre avait été donné, en effet, mais l’exécution n’y répondit qu’imparfaitement. Les intérêts particuliers des colonies anglaises commençaient à se distinguer des intérêts de la métropole et surtout des volontés d’une dynastie impopulaire. Dungan obéit mollement à ses instructions ou plutôt les méconnut en continuant de négocier secrètement avec les Iroquois pour les soulever contre nous et pour leur faire accepter la souveraineté de l’Angleterre. M. de la Barre cependant montrait une irrésolution sénile qui ne pouvait qu’enhardir ses ennemis. Quand il se décida, en 1684, à ouvrir les hostilités contre les Iroquois, la décision et la vigueur lui firent également défaut. Il conduisit mal la campagne : les maladies et la disette décimèrent sa petite armée, avant qu’elle n’eût atteint l’ennemi. Fina-

  1. Lettres de Louis XIV et de Colbert en 1674 et 1676.