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pareil nombre d’Anglais capturés par les bandes de Saint-Castin ou par les corsaires.

Trois ans plus tard, les habitants de Boston, jaloux de venger leur échec, préparèrent une expédition plus redoutable encore que la précédente. On leva à cet effet deux régiments de milice qu’on mit sous les ordres du colonel March, et qui furent embarqués sur vingt-cinq navires. L’entreprise fut conduite avec tant d’habileté et de discrétion que la flotte entra, le 6 juin 1707, dans le bassin de Port-Royal, sans que les Français eussent pu en être prévenus. Les hommes de garde restés à l’entrée du bassin n’eurent que le temps de se sauver vers le fort, et le lendemain les Anglais débarquèrent à la fois des deux côtés de la rade.

M. de Subercase, qui commandait la place depuis le décès de M. de Brouillan, ne se troubla pourtant point et communiquant à chacun son sang-froid et son courage, entreprit, avec une centaine de soldats et un nombre double de miliciens du Canada et de l’Acadie, de résister aux Anglais. Il tint les assaillants en haleine jusqu’au 15 juin, les inquiétant sur leurs côtés et sur leurs derrières et les harcelant incessamment par des détachements de volontaires choisis parmi les meilleurs tireurs de ces milices. Néanmoins, le 16 juin, le colonel March, qui avait fait pratiquer des tranchées jusqu’au pied du fort, se décida à donner l’assaut. Mais il fut reçu par un feu d’artillerie et de mousqueterie si vif et si nourri qu’il fallut abandonner l’attaque et rentrer dans les tranchées. D’autre part, Saint-Castin arrivait à la rescousse des assiégés avec ses terribles Abénakis. March jugea qu’il était inutile de s’opiniâtrer davantage contre cette résistance acharnée : il rembarqua sa petite ar-