Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il repoussa leur attaque et les assaillit à leur tour dans leurs retranchements. Après une longue résistance, les Outagamis furent obligés de se rendre à discrétion et furent massacrés, au nombre de deux mille, par nos sauvages alliés. Ce massacre, que le capitaine Dubuisson essaya vainement d’empêcher, ôta, pour le moment du moins, tout espoir aux Anglais de s’emparer de Détroit, qui passait à juste titre pour la clef de la région des lacs.

Le traité d’Utrecht, signé le 11 avril 1713, termina cette longue lutte dans laquelle tant de sang avait coulé et qu’avaient signalée tant de lamentables épisodes. Le seul échec que nous eussions subi pendant cette guerre, la prise de Port-Royal, était en quelque sorte compensé par nos succès au Canada et à Terre-Neuve, et assurément, si la France eût été victorieuse en Europe, la paix lui aurait fait retrouver ses colonies d’Amérique dans leur intégrité, avec les mêmes frontières qu’au traité de Ryswick. Mais l’étoile de la France avait pâli durant cette funeste guerre de la succession d’Espagne. La France, épuisée et saignée à blanc de toutes manières, ne pouvait plus dicter de conditions à ses adversaires et était obligée de subir les leurs. Louis XIV dut donc consentir à laisser échancrer au nord et à l’est ce grand domaine de la Nouvelle-France qui, mieux colonisé et défendu, eût pu suffire à la gloire de son règne. Il abandonna aux Anglais la baie d’Hudson, l’Acadie, l’île de Terre-Neuve, où la France réserva seulement quelques plages pour ses pêcheurs, avec le droit d’y faire sécher le poisson. L’Angleterre pouvait se tenir pour satisfaite, en attendant mieux.