Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/219

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couronnes il suffit de l’ambition ou de l’humeur d’un simple commissaire pour bouleverser vingt États. On accusait les Anglais de ne chercher qu’à détruire entièrement le commerce de la France dans cette partie de l’Amérique. Ils étaient très supérieurs par leurs nombreuses et riches colonies dans l’Amérique septentrionale ; ils l’étaient encore plus sur mer par leurs flottes ; et ayant détruit la marine de France, dans la guerre de 1741, ils se flattaient que rien ne leur résisterait ni dans le nouveau monde, ni sur nos mers. Leurs espérances furent d’abord trompées. »

Les premières hostilités s’engagèrent en dehors de tout ordre des métropoles et par une de ces rencontres devenues à peu près inévitables dans ces lointains territoires sur lesquels Français et Anglais élevaient des prétentions égales. Georges Washington, le futur président de la République américaine, dont le nom apparaît pour la première fois à cette époque, était alors major dans les milices de la Virginie. Il fut envoyé avec une colonne pour occuper les terres de l’Ohio ; mais les Français venaient déjà d’y établir le fort Duquesne, au lieu où s’élève aujourd’hui la grande ville manufacturière de Pittsburg, dans une situation admirablement choisie et commandant tout le bassin de l’Ohio. Apprenant l’approche de l’officier anglais, M. de Contrecœur, qui commandait dans cette région, fit arrêter une petite troupe d’avant-garde qui marchait sous les ordres de l’enseigne Ward et envoya un parlementaire (M. de Jumonville) à Washington, pour lui porter « une sommation de se retirer, attendu qu’il étoit sur le territoire françois ». Washington, à son