« triste cortège » et le « grand désordre » qui s’en suivit :
« Dans le tumulte de l’embarquement, des femmes furent séparées de leurs maris, et des mères s’apercevaient trop tard qu’elles avaient laissé sur la grève des enfants qui, dans une angoisse amère, tendaient les bras. (Evangéline, chap. V.) »
Tout
fut, en effet, entraîné pêle-mêle, hommes, femmes et
enfants ; et les navires déposèrent confusément ces
familles disloquées dans les endroits les plus éloignés.
Ceux qui avaient rendu des services au gouvernement
anglais ne furent pas mieux traités que les amis les
plus zélés des Français ; tel ce vieux notaire nommé
Le Blanc, qui mourut à Philadelphie de chagrin et de
misère en cherchant ses fils dispersés dans les provinces
anglaises. On évalue à 6,000 environ le nombre
de ceux qui furent ainsi transportés dans le Massachussets,
la Pensylvanie, la Virginie et en Angleterre.
La plupart des colons anglais, il faut le dire à leur
honneur, reçurent ces malheureux avec bonté, comme
pour protester contre la rigueur inexorable de leur
gouvernement. Benezet, issu d’une famille française
bannie à la révocation de l’édit de Nantes, les accueillit
comme des frères à Philadelphie[1].
Quelques-uns de ces exilés se réfugièrent ensuite à la Louisiane, où ils s’établirent à Bayou-la-Fourche (Donaldsonville) ; d’autres passèrent dans la Guyane française[2] ; quelques-uns purent parvenir en France, et on