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pouvaient faire tort devant l’impartiale justice de l’histoire.

Quoiqu’il en soit, le bill fut voté par 56 voix contre 20, et la législation française fut restituée à la « province de Québec » comme on appelait alors le Canada.

Cet acte de juste restitution eut un double effet. D’une part, il calma l’agitation qui s’était manifestée au Canada et contribua à réconcilier l’esprit de ses habitants avec la domination de la couronne britannique. D’autre part, il accrut l’irritation des Anglo-Américains qui, depuis 1765, entretenaient l’agitation provoquée par le « bill du timbre » et parlaient de plus en plus hautement de secouer le joug trop lourd de leur métropole. L’acte de Québec leur fournit un nouveau grief. Ils y virent une faveur indûment faite aux catholiques-romains au détriment des protestants. Ils s’indignèrent qu’un parlement britannique eût pu consentir ce traitement à « une religion qui avait, disaient-il, inondé l’Angleterre de sang et répandu dans toutes les parties du monde, l’impiété, l’hypocrisie, la persécution et le meurtre[1]. » — Ce langage n’était, guère fait, il faut en convenir, pour attirer les Canadiens catholiques dans les bras des Anglo-Américains ; il était donc particulièrement déplacé et maladroit dans un temps où les champions de l’Indépendance américaine souhaitaient de faire un faisceau de toutes les colonies d’Amérique contre la métropole anglaise et pressaient le Canada d’envoyer ses délégués au Congrès de Philadelphie.

Les Canadiens, en effet, déclinèrent l’invitation qui

  1. Résolution votée au Congrès de Philadelphie, 1774.