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cette attaque fut repoussée ; le général Montgomery perdit la vie dans cet assaut ; ses troupes, privées de ce chef héroïque, durent reculer, et, tout en continuant sous le colonel Arnold de bloquer Québec, elles durent renoncer à l’espoir de s’en emparer par un coup de main.

L’hiver de 1775-76 se passa dans l’expectative. Le gouverneur Carleton qui attendait de puissants secours de l’Angleterre se maintenait sur la défensive. Les Américains, de leur côté, avaient demandé des renforts au congrès de Philadelphie. Les Canadiens français restaient partagés. Un royaliste, M. de Beaujeu, ayant voulu se porter au secours de Québec, avec 350 hommes qu’il avait rassemblés dans les paroisses de la rive droite du fleuve, un parti contraire de Canadiens se forma, surprit son avant-garde, lui tua plusieurs hommes et aurait massacré le reste, sans les officiers qui les en empêchèrent. Cette manifestation populaire fit comprendre à M. de Beaujeu l’inutilité de ses efforts et il licencia ses gens.

La vraie lutte, au surplus, n’était pas sur les champs de bataille, mais dans le champ des idées. Les Américains l’avaient bien compris, et ils envoyaient députations sur députations aux Canadiens des diverses classes, pour les engager à s’unir contre l’Anglais de la métropole présenté comme l’ennemi commun. Franklin fit partie d’une de ces députations et, pour gagner l’élément clérical, on lui adjoignit le jésuite Carroll, mort depuis, en 1815, archevêque de Baltimore. Leurs instructions les chargeaient de représenter aux Canadiens que les intérêts des deux pays étaient communs et inséparables et de les engager à entrer dans la con-