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D’autre part, le Canada, restant soumis à la couronne britannique, dut à cette circonstance de devenir le lieu de refuge, la terre d’adoption de cette partie des Anglais ou colons anglais qui n’avaient pas voulu s’associer au mouvement de l’Indépendance et qu’on connaissait sous le nom de « Loyalists ». Plus de 25,000 de ces « Loyalists » quittèrent la république des États-Unis pour se fixer dans les limites laissées à la souveraineté britannique. Ils s’établirent principalement dans le Haut-Canada, dans la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick (ancienne Acadie). La conséquence de cette émigration fut de renforcer considérablement, dans ces territoires, l’élément anglais et d’y diminuer d’autant l’importance et l’influence de l’élément français. Sans le fait de cette émigration considérable, il est probable, nous l’avons dit, que la race et la langue française domineraient aujourd’hui en maîtresses dans toute l’étendue de la Confédération canadienne, du golfe du Saint-Laurent et des côtes de Terre-Neuve aux Montagnes-Rocheuses et aux rivages de l’Océan pacifique.


Toutefois, la paix rétablie procura, à ce moment, deux avantages au Canada : elle mit fin au régime d’état de siège qui pesait sur lui et elle accéléra l’établissement d’un gouvernement représentatif. Les partis qui avaient divisé le Canada, depuis la conquête, étaient maintenant unanimes au moins sur un point, savoir : la protestation contre le régime arbitraire et despotique du gouverneur Haldimand. Cet ancien magistrat qu’il avait fait arrêter et emprisonner sans autre forme de procès, Du Calvet, à peine relâché, se