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majorité de l’Assemblée législative eût été composée artificiellement et comptât une quantité de créatures du gouverneur, cette majorité même manqua au pouvoir en mainte occasion. C’est ainsi qu’un projet d’émission de papier-monnaie, proposé par le gouvernement, fut repoussé ; c’est ainsi encore que, malgré le ministère, la Chambre prescrivit une enquête sur les élections contestées et entachées de fraude. Le Conseil législatif, sorte de Chambre des pairs servile, dont tous les membres étaient nommés par le gouvernement, fut employé à réfréner ces velléités d’indépendance ; il refusa son approbation à dix-huit projets de loi adoptés par la Chambre des députés. L’opposition allait croissant dans tout le pays, et notamment dans le Bas-Canada, mais le gouverneur ne vécut pas assez pour en voir le triomphe. Le 19 septembre 1841, le lendemain même de la clôture de la session parlementaire, lord Sydenham mourut des suites d’une chute de cheval qu’il avait faite quelques jours auparavant. Il laissait la réputation d’un homme énergique et habile, mais aussi d’un administrateur partial et peu scrupuleux sur le choix des moyens. Parmi les Canadiens-Français en particulier, cette mort n’excita que peu de regrets.

Sir Charles Bagot, qui lui succéda comme gouverneur, arriva à Kingston le 10 janvier 1842. L’une de ses premières déclarations fut : qu’il « ne ferait aucune distinction de race ni de partis politiques, et que son seul désir était de se concilier l’approbation et l’appui de toutes les parties du pays ». Il témoigna tout d’abord de la réalité de ces dispositions en donnant à des Canadiens d’origine française quelques emplois impor-