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la nation et par conséquent fort peu touchée de ses intérêts ou de sa grandeur.

« Il en fut ainsi, surtout vers le temps où nous sommes arrivés. La longue période qui s’écoula entre l’expédition de Roberval et celle du marquis de la Roche en Acadie, en 1598, est entièrement remplie par la grande lutte avec l’Espagne et l’Empire et par les longues et sanglantes guerres de religion rendues si tristement fameuses par le massacre de la Saintt-Barthélemy. L’attention des chefs de l’État, absorbée par ces évènements mémorables qui ébranlèrent la France jusqu’en ses fondements, ne put se porter vers le Nouveau-Monde qui fut à peu près oublié.

« Ce n’est qu’après que le calme fut un peu rétabli et que Henri IV fut solidement établi sur le trône, que l’on revint aux desseins qu’on avait formés sur le Canada et sur les parages voisins, mais avec des motifs de moins pour la colonisation depuis la pacification des Huguenots[1]. »

Henri IV était, en effet, un assez grand roi et avait l’esprit assez haut placé pour comprendre de quel intérêt était pour la France une expansion coloniale et pour favoriser, de son mieux, cette expansion. C’était, d’ailleurs, le temps où toutes les nations maritimes de l’Europe se hâtaient de prendre un pied solide sur le continent américain. L’Espagne et le Portugal se partageaient l’Amérique centrale et l’Amérique du sud. L’Angleterre avait jeté son dévolu sur la Floride et persistait à s’y établir en dépit des attaques des Espagnols. C’est en l’an 1607 que John Smith fonde en

  1. Garneau, Hist. du Canada. 1re Édition, t. 1er. p. 34 et 35.