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coup, les « loyaux » de leur dévouement à la métropole. Les discussions furent vives dans le Parlement et ce fut le tour des Anglais de menacer de se joindre aux États-Unis, si on ne faisait pas droit à leurs réclamations. « Les Haut-Canadiens, disait sir Allan Mac Nab se plaignent d’être aujourd’hui placés sous la domination de maîtres français. J’avertis le ministère du danger ; je l’avertis que sa conduite est propre à jeter le peuple du Haut-Canada dans le désespoir, et à lui faire penser que, s’il doit être gouverné par des étrangers, il lui serait bien plus avantageux d’être gouverné par un peuple voisin et de même race, plutôt que par des hommes avec qui il n’a rien de commun, ni le sang, ni la langue, ni les intérêts. »

Malgré ces clameurs la proposition du gouvernement fut votée à une forte majorité (48 voix contre 23) ; mais les excitations passèrent de la tribune du Parlement dans le pays et amenèrent en plusieurs endroits de regrettables collisions entre les Canadiens des deux origines. À Belleville, les deux partis en vinrent aux mains et sans cause. À Montréal même, une bande d’Anglo-Saxons fanatiques assaillit le gouverneur, lord Elgin, à sa sortie du Parlement on il venait de sanctionner l’acte réparateur, en lançant sur lui et sur son escorte des pierres et des œufs pourris. Après cet exploit, qui heureusement n’entraîna pas d’accidents graves, la bande se retourne contre le palais du Parlement, fait le siège de l’édifice et lance une grêle de pierres dans la salle que les députés abandonnent en désordre. Les émeutiers pénètrent alors dans la salle, brisent les pupitres et les fauteuils, maltraitent les députés qu’ils rencontrent et proclament, de leur autorité propre, la dissolu-