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Canada. M. Et.-P. Taché devint le chef de cette section dans le ministère reconstitué ; il s’adjoignit, comme collaborateurs, quelques hommes nouveaux, MM. Cartier, Cauchon, Lemieux, etc., dont quelques-uns, le premier surtout, devaient jouer un rôle éminent comme représentants des idées conservatrices.

Le Cabinet avait, en effet, définitivement pris place sur le terrain conservateur, pendant que l’opposition de toute nuance se réclamait des principes libéraux. Les tories du Haut-Canada, très hostiles, au début de l’Union, aux intérêts et aux revendications des Canadiens français, et très jaloux des prérogatives et des privilèges de l’élément anglo-saxon, avaient eu le bon esprit de s’accommoder aux réformes conquises par les représentants du Bas-Canada, et avaient pris leur parti de l’égalité politique et constitutionnelle des deux races. Au contraire, les libéraux du Haut-Canada qui, à l’origine, s’étaient honorés en secondant les Canadiens Français dans leurs justes revendications, avaient peu à peu, sous l’influence du chef des clear-grits, M. Georges Brown, ravivé les vieilles querelles de nationalité qu’on croyait éteintes ou tout au moins assoupies, et sous prétexte de refouler le papisme et d’empêcher la domination française[1], avaient ressuscité les pires passions et les pires rivalités de race, et prêchaient une véritable croisade contre l’élément français. De là, une transformation dans les dispositions des Canadiens français, à qui l’on ne pouvait, en vérité, demander de s’allier à ceux qui, dans leurs pamphlets et dans leurs journaux, les traitaient comme une

  1. No popery ! no french domination, devint, à cette époque, le mot d’ordre, le cri de ralliement des clear-grits du Haut-Canada.