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solde des miliciens pendant leurs seize jours d’exercice. De nouvelles difficultés menaçaient de troubler les rapports de voisinage entre le Canada et les États-Unis. Dans l’automne de 1864, un corps perdu de soldats confédérés avait fait une pointe hardie dans le Nord des États, s’était emparé de la ville de Saint-Albans, avait fait main basse sur quelques maisons de banque, puis, s’échappant au grand galop de leurs chevaux, avaient réussi à mettre entre eux et ceux qui les poursuivaient, la frontière du Canada. Les États-Unis réclamèrent l’extradition de ces maraudeurs ; mais la justice canadienne, saisie de l’affaire, crut devoir les rendre à la liberté, les considérant comme des belligérants réguliers. Il en résulta quelque froissements entre le Canada et les républicains des États-Unis. La conséquence en fut qu’à l’expiration (en mars 1865), du traité de réciprocité commerciale qui unissait les deux pays, le gouvernement des États-Unis se refusa à renouveler le traité.

Une autre conséquence fut que les États-Unis favorisèrent, plutôt qu’ils n’empêchèrent, une incursion que firent les Fénians irlandais sur le territoire canadien (juin 1866), dans le but avoué d’enlever le Canada à la suzeraineté de la couronne britannique. Cette incursion échoua d’ailleurs misérablement : les Fénians avaient cru trouver une population opprimée, prête à secouer le joug de ses tyrans ; ils trouvèrent un peuple libre, ayant conscience de son indépendance et résolu à défendre son sol contre tous les envahisseurs ; les Irlandais du Canada, eux-mêmes, résistèrent à tous les efforts faits pour les entraîner dans le mouvement. Après un premier engagement assez heureux, près du