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che de ses forêts vierges. C’était la forêt primitive, chantée par hauteur d’Évangéline :

This is the forest primeval. The murmuring pines and the hemlocks,
Bearded with moss, and in garments green, indistincts in the twilight,
Stand like Druids of eld, with voices sad and prophétic,
Stand like harpers hoar, with beards that rest on their bosoms[1].

La hache du bûcheron, « homme de chantier » ou « voyageur », a, depuis longtemps, taillé d’immenses clairières dans le plein drap de cette forêt contemporaine du sol. Les deux rives du Saint-Laurent ont été, les premières, dépouillées de ces hautes ramures qui encadraient, sans lui porter ombrage, la majesté de ses flots. Puis, les vallées des rivières tributaires ont été, à leur tour, dépouillées et dénudées. Les troncs gigantesques, sapés par la hache du bûcheron, équarris sur les lieux mêmes, liés en radeaux ou en « cages » ont été, par tous ces chemins flottants, portés à Québec ou à Montréal où ils ont été transformés en mâts de navires ou en poutres de maisons. Il faut s’éloigner maintenant des centres et remonter au loin dans l’intérieur des terres pour y retrouver la forêt toute pleine des clameurs d’ahan, des cris, des chansons de ses infatigables démolisseurs.

Les arbres les plus communs des forêts du Canada sont : le chêne, l’érable[2], le noyer, le charme,

  1. Longfellow. Évangeline. Prologue.
  2. Parmi les érables, l’une des espèces les plus communes et les plus appréciées est l’érable doux ou érable à sucre dont la sève (qu’on fait égoutter par une incision pratiquée dans l’arbre et qu’on recueille, par le moyen d’une « goudrelle » de bois, dans des vases placés au pied) remplace le sucre et la bière dans la plupart des villages canadiens.