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deux colonies anglaise et française ; ce traité devait survivre même à la rupture de la paix entre les deux couronnes. Le gouverneur français accueillit très favorablement ces ouvertures et députa même à Québec deux membres de son conseil pour régler les conditions de l’alliance (1651). Il y voulait seulement introduire la clause que les Anglais se ligueraient avec les Français contre les Iroquois. Les colons de la Nouvelle-Angleterre, se souciant peu d’engager la lutte contre ces redoutables sauvages, renoncèrent à poursuivre les pourparlers. L’échec de ces négociations fut certainement regrettable pour les deux parties. Les colonies anglaises avaient avantage à s’ouvrir un marché pour échanger les fourrures du nord contre les marchandises et les produits ouvrés de leur industrie naissante ; et, d’autre part, les Français canadiens eussent été assurés, en temps de disette, de trouver à Boston les grains, les farines et autres objets de première nécessité qui ne leur arrivaient de France que d’une façon très irrégulière. Ajoutons que cette alliance conclue eût pu prévenir dans l’avenir bien des conflits et bien des guerres sourdes ou déclarées où les deux adversaires n’usèrent pas toujours, en particulier dans l’emploi qu’ils firent des sauvages, de moyens bien loyaux ni bien chrétiens.

Obligés de se replier sur eux-mêmes, sentant les dangers de leur petit nombre, les Canadiens demandaient chaque armée de nouveaux renforts à la métropole. Mais la compagnie des Cent-Associés, surtout depuis la mort de Richelieu (1642), était en pleine dislocation. Réduite à quarante-cinq membres, et ceux-ci souvent divisés par des vues différentes, elle avait fini par se désintéresser à peu près complètement du