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LE CHEVAL D’ALEXANDRE

« Ô dieux ! quel excellent coursier ils rebutent, parce qu’ils manquent tout à la fois d’adresse et de hardiesse ! »

D’abord Philippe fit semblant de ne pas avoir entendu les paroles d’Alexandre ; mais celui-ci les ayant répétées à plusieurs reprises, son père l’en réprimanda.

« Tu blâmes, lui dit-il, des gens qui ont plus d’âge et plus d’expérience que toi ; aurais-tu, par hasard, la prétention d’être plus habile ? T’imagines-tu savoir mieux mettre un cheval à la raison qu’ils ne le font ?

— À tout le moins, répondit Alexandre, je manierais celui-ci mieux qu’ils ne l’ont fait.

— Et si, pas plus qu’eux, tu n’en peux venir à bout, répliqua Philippe, quelle amende t’engages-tu à payer pour prix de ta témérité ?

— La valeur du cheval, repartit Alexandre. »

Cette réponse fit rire tous les spectateurs, qui, traitant de présomptueuse audace la courageuse confiance du futur conquérant des Indes, ne doutaient nullement de l’issue de la gageure.

Cependant Alexandre se dirigea vers le coursier, qui, en le voyant s’approcher, se mit à hennir d’une manière éclatante, en faisant voler le sable autour de lui. Le jeune prince ne s’en étonna point ; mais, saisissant la bride d’une main ferme,