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ANIMAUX HISTORIQUES

couvrit cette intrigue et résolut de se venger ; mais, pour rendre sa vengeance et plus terrible et plus sûre, il dissimula. Il feignit même de ressentir une amitié aussi vive que sincère pour le jeune page, et l’engagea à venir passer quelques jours à son château. Mazeppa, ne soupçonnant point le piège, accepta l’offre avec empressement.

Mais à peine fut-il arrivé, que les serviteurs de Bradouski se jetèrent sur lui et le dépouillèrent de ses vêtements. Le comte parut alors, et lui reprochant le crime dont il s’était rendu coupable envers lui, il s’écria :

« Tu m’as outragé, tu dois mourir ; mais non d’une mort douce et prompte, je ne serais pas suffisamment vengé : tu vas mourir d’un trépas horrible et prolongé !… Qu’on amène le cheval… »

Ce cheval était un coursier fougueux, né dans les plaines de l’Ukraine, tout récemment pris dans un filet, et aussi sauvage encore que le daim des forêts. Il arriva la crinière hérissée, résistant fièrement à ceux qui le conduisaient et couvert de l’écume de la colère et de l’épouvante.

« Qu’on l’attache ! » dit Bradouski.

Et soudain Mazeppa est saisi, enlevé, et, malgré ses efforts désespérés, attaché solidement avec des liens de soie sur le dos du farouche coursier, auquel on donne la liberté, en stimulant