Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
mort tragique de la mère d’ambroise.

voir. » Ambroise se plaisait dans ces entretiens avec sa mère, et il n’était jamais si heureux que lorsqu’il avait contribué à calmer ses douleurs.

Un soir qu’il se retirait chez lui, il fut extrêmement étonné de ne point y trouver sa mère : elle était sortie, lui disait-on, à l’entrée de la nuit, avec promesse de ne pas tarder à revenir. Il l’attendit avec inquiétude ; cette anxiété allait toujours en croissant, et une douleur pressante, qui gonflait et élevait sa poitrine, était pour le malheureux Ambroise le pressentiment de quelque affreuse catastrophe. Ce pressentiment ne le trompa point. Il vit arriver sur le minuit sa mère soutenue par une de ses amies, et ayant beaucoup de peine à marcher. Ambroise voulut aller à elle pour lui faire de tendres reproches ; mais quel ne fut pas son effroi, en la voyant toute sanglante, pleurer, étendre les bras pour l’embrasser, et tomber évanouie sur son sein ! Il apporta tous les soins possibles pour la faire revenir à elle-même ; et il eut enfin le bonheur d’y réussir ; et il apprit alors qu’elle avait été dans un bois où quelques personnes s’étaient rassemblées pour prier Dieu ; qu’elles avaient été trahies, et que des soldats s’étant transportés sur le lieu, les avaient surprises à la faveur de l’obscurité et avaient tiré dessus à brûle-pourpoint ; que la moitié de cette assemblée, composée de femmes et de vieillards, avait été massacrée, et que le