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le vieux cévenol.

bien différente. L’édit de Nantes fut révoqué au mois d’octobre 1685. Dès que l’Électeur de Brandebourg en sut la nouvelle, et le 29 du même mois, il publia un édit par lequel il invitait ceux que l’oppression avait chassés de leur pays à se retirer dans le sien. Privilèges considérables, pensions, habitations toutes formées, églises surtout pour prier Dieu : tels étaient les appâts qu’il leur présentait pour les attirer. Il les distribuait par colonies dans ses États, et ils y trouvaient des ministres pour leur prêcher et des juges de leur langue pour les juger. Plusieurs princes d’Allemagne, ceux de la maison de Lunebourg, les landgraves de Hesse-Cassel et de Hesse-Hombourg[1], le margrave de Bayreuth imitèrent cet exemple, et l’on vit des villages français transportés dans les forêts de la Germanie, y garder un nom qui leur était cher ; et leurs habitants consolés continuèrent d’y parler le doux idiome de leur patrie.

L’Angleterre fit des collectes prodigieuses pour l’entretien des réfugiés dont elle envoya un grand nombre dans les colonies des deux Indes, avec

  1. Des trois colonies reçues dans les États de ce dernier et qui sont florissantes sous le prince actuel, héritier de toutes les vertus de ses ancêtres, la seule colonie de Frédérichsdorf suffit pour prouver que l’intolérance, en France, a fait du bien aux pays étrangers. Cet endroit très considérable n’est absolument composé que de familles françaises réfugiées, qui, par leur commerce, leurs fabriques et leurs mœurs jouissent d’une aisance parfaite, et se rendent dignes de la protection du souverain dont elles ont le bonheur de relever.