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ambroise va au prêche.

naturelle et par conséquent incorrigible de l’humanité, qu’il y a des inconvénients à toutes ses institutions et à toutes ses manières d’être. Si on ne parlait plus aux hommes en public, ni des peines de la vie à venir, ni des récompenses promises à la vertu, il est évident qu’il n’y aurait bientôt plus de religion ; et vous voyez que nous agitons à présent la grande question : Si la religion ne fait pas le malheur des hommes ; et il s’en faut bien que je sois décidé pour l’affirmative. Cette discussion demanderait une assemblée de philosophes ; mais ce dont il s’agit entre nous, par rapport à ce peuple simple que nous sommes venus observer dans ce désert, c’est de savoir si l’on doit ôter aux protestants leur culte public ou leur religion, car c’est la même chose ; si, au centre d’un royaume dont les habitants ont une religion, il serait sage d’établir un peuple qui n’en eût point ; si ce peuple ayant connu un certain culte, il est prudent ou seulement il est possible de l’en priver ; si cela peut s’opérer ou par des arguments ou par des lois ; et quel effet résulterait pour l’État de cette privation soudaine et si peu ménagée.

— Monsieur, lui dit un des convives, l’expérience est toute faite : ici, dans ce pays même où vous vous trouvez, les peuples qui le remplissaient se trouvèrent sans culte, lorsque les ministres eurent été chassés. Trop opposés à celui de la religion dominante, que mille violences ne