Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
ambroise va au prêche.

plus encore que la violence qui l’occasionna, et maintenant nous regardons la fuite de notre patrie comme l’unique réponse à ceux qui nous la feraient haïr.

— Cependant, messieurs, leur dit encore le jeune homme, vous ne pouvez nier que des attroupements tels que les vôtres n’aient quelque chose de criminel. Si les catholiques d’Angleterre s’assemblaient au mépris des lois, le gouvernement les réprimerait, et il ferait bien.

— La comparaison n’est pas juste, répondit Ambroise : je viens d’Angleterre, monsieur ; les catholiques n’y ont pas un état brillant, mais ils sont tolérés ; ils ont leurs prêtres, leurs maisons d’oraison, leurs assemblées. Ils ne sont pas assez fous pour aller chercher aux déserts ce qu’ils ont dans les villes ; mais s’ils s’assemblaient en foule dans les champs, il est clair que ce ne pourrait pas être pour y trouver une certaine liberté qu’ils ont déjà ; ils deviendraient suspects et mériteraient d’être réprimés. J’ai vu cependant en Angleterre les méthodistes s’assembler dans la campagne pour y prier à leur façon. Le gouvernement ne s’en est pas inquiété, et il a bien fait, car s’il les eût persécutés, il n’aurait fait qu’en doubler le nombre. Nos assemblées ne sont que des attroupements ; et ce qui prouve qu’elles n’ont rien de séditieux, c’est que nous y admettons les femmes, les enfants et les étrangers. Elles ne sont suspectes au gouvernement que parce qu’il le