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le vieux cévenol
obéi, pour lui arracher la fameuse révocation de l’Édit de Nantes. Un bon Anglais ne doit point dire de mal d’une politique dont les suites ont été si avantageuses à sa patrie ; et en qualité de bon citoyen, je fais des vœux très ardents pour que l’on soit constamment persuadé, en France, que cette révocation fut un admirable coup d’État.

L’ordre étant arrivé qui indiquait le jour où tout le monde serait prié de se convertir, les troupes se mirent en marche pour appuyer cette prière. Toute la France savait quels prodiges avaient faits les dragons et les soldats ; et quand, dans la petite ville où demeurait Hyacinthe Borély, père d’Ambroise Borély, l’on apprit qu’il arrivait deux bataillons de missionnaires, l’alarme fut générale. Le commandant fit son devoir à merveille ; il assembla tous les habitants dans la place publique, et leur dit qu’il était destiné à opérer leur conversion, à l’aide de tous ces honnêtes gens qu’ils voyaient avec lui ; qu’il espérait bien qu’ils ne se refuseraient pas aux volontés du roi, mais que s’ils s’obstinaient à ne point rentrer dans le giron de l’Église, il les y attirerait par plusieurs peines et calamités[1]. Beaucoup de

  1. Le discours de ce commandant ressemble beaucoup à celui que fit le lieutenant général de La Rochelle dans la même circonstance, et que Bayle rapporte. Nouvelles de la République des lettres. Novembre 1685, art. 4.

    On avait persuadé à Louis XIV que, pour achever de convaincre les protestants de la vérité de nos dogmes, il fallait