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le vieux cévenol.

trop heureuse d’acheter à ce prix le pouvoir d’instruire ses enfants elle-même. Mais ces amendes réitérées, et que l’on augmentait de temps en temps, altérèrent cruellement sa fortune. Les supérieurs, irrités de la résistance opiniâtre de cette femme, eurent encore recours aux édits du roi, qui suppléait à tout ; et ils en trouvèrent un[1] qui déclarait que les veuves qui persisteraient dans la R. P. R., un mois après la publication des présentes, seraient déchues du pouvoir de disposer en aucune manière de leurs biens, et que ces biens passeraient à leurs enfants catholiques, et, s’il n’y en avait point de tels, aux hôpitaux les plus prochains[2]. « Voici ce qu’il nous faut ! »

    Ces ordres ont été souvent exécutés. Nous avons vu, de nos jours, des jeunes filles arrachées à leurs parents par des ordres rigoureux, livrées dans des couvents à des religieuses peu éclairées, qui ignoraient également et la religion dont il fallait les instruire, et celle dont il fallait les détromper. Nous avons vu plusieurs de ces malheureuses victimes succomber à ces longues persécutions et perdre, au bout de quelques années, ou la raison, ou la vie. La fille de Sirven, entre autres, devint folle, s’échappa du couvent où elle était enfermée, et se noya dans un puits. Le père, accusé de l’avoir assassinée, fut condamné par contumace à être pendu ; le parlement de Toulouse lui a rendu, depuis, une justice éclatante. Personne n’ignore les constants et utiles efforts de Voltaire pour l’obtenir.

  1. Du mois de janvier 1686, enregistré au Parlement le 25 de ce mois.
  2. Ce même édit de janvier 1686, prive encore les femmes de tous les avantages qui pourraient leur avoir été faits par leurs maris, de quelque nature qu’ils pussent être. Le savant