Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/103

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furieux, & que pour luy rehabiliter son cerveau tu me l’eusse ycy envoyé : donne moy & povoir/ & sçavoir le rendre au iouc de ton sainct vouloir par bonne discipline. Ho/ ho/ ho. Mes bonnes gens mes amys, & mes beaulx serviteurs, fauldra il que ie vous empesche à me y ayder ? Las, ma vieillesse ne requeroyt dorenavant que repous, & toute ma vye n’ay rien tant procuré que paix. Mais il fault, ie le voy bien, que maintenant de harnoys ie charge mes pauvres espaules lasses & foibles, & en ma main tremblante ie preigne la lance & la masse : pour secourir & guarantir mes pauvres subiectz. La raison le veult ainsi, car de leur labeur ie suys entretenu, & de leur sueur ie suys nourry moy, mes enfans & ma famile. Ce non obstant, ie n’entreprandray poinct guerre, que ie n’aye essayé tous les ars & moyens de paix, là ie me resolus. Adoncques feist convocquer son conseil & propousa l’affayre tel comme il estoyt. Et feut conclut qu’on envoyroyt quelque homme prudent devers Picrochole, sçavoir pourquoy ainsi soubdainement estoyt party de son repous, & envahy les terres, es quelles il n’avoyt droict quiconques. Davantaige qu’on envoyast querir Gargantua & ses gens, affin de maintenir le pays, & defendre à ce besoing. Le tout pleut à Grandgousier & commenda que ainsi feust faict. Dont sus l’heure envoya le