Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/155

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Vignette 155
Vignette 155

E Moyne les voyant ainsy departir en desordre, coniectura qu’ilz alloient charger sus Gargantua & ses gens, & se contristoit merveilleusement de ce qu’il ne les povoit secourir. Puis advisa la contenance de ses deux archiers de guarde, lesquelz eussent voulentiers couru après la troupe pour y butiner quelque chose & tousiours regardoient vers la vallée en laquelle ilz descendoient. Dadventaige syllogisoit disant, ces gens icy sont bien mal exercez en faictz d’armes. Car oncques ne me ont demandé ma foy, & ne me ont ousté mon braquemart. Soubdain après tyra son dict braquemart, et en ferut l’archier qui le tenoit à dextre luy coupant entierement les venes iugulares, & artères sphagitides du col avecques le guargareon, iusques es deux adènes : & retirant le coup luy entre ouvrit le mouelle spinale entre la seconde & tierce vertèbre, là tomba l’archier tout mort. Et le moyne detournant son cheval à guauche courut sus l’aultre, lequel voyant son compaignon mort, & le moyne aventaigé sus soy, cryoit à haulte voix. Ha monsieur le priour mon bon amy monsieur le priour ie me rendz, monsieur le priour mon bon amy monsieur le priour. Et le Moyne cryoit de mesmes. Monsieur le posteriour mon amy, monsieur le posteriour, vous au-