Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/159

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soubdain le Moyne arrive, & dès la porte de la basse court, s’escrya, vin frays, vin frays, Gymnaste mon amy. Gymnaste sortit, & veit que c’estoit frère Iean qui amenoit cinq pelerins, & Toucquedillon prisonnier, dont Gargantua sortit au davant & luy feirent le meilleur recueil que peurent, & le menèrent devant Grandgouzier, lequel l’interrogea de toute son adventure. Le moyne luy disoit tout : & comment on l’avoit prins, & comment il s’estoit deffaict des archiers, & la boucherie qu’il avoit faict par le chemin, & comment il avoit secous les pelerins, & amené le capitaine Toucquedillon. Puis se mirent à bancqueter ioyeusement tous ensemble. Ce pendent Grandgouzier interrogeoit les pelerins, de quel pays ils estoient, & dont ilz venoient, & où ilz alloient. Lasdaller pour tous respondit. Seigneur ie suys de sainct Genou en Berry, cestuy cy est de Paluau, cestuy cy est de Onzay, cestuy cy est de Aroy, & cestuy cy est de Villebrenin. Nous venons de sainct Sebastian près de Nantes, & nous en retournons par nous petites iournées. Voyre mais (dist Grandgouzier) qu’alliez vous faire à sainct Sebastian ? Nous allions (dist Lasdaller) luy offrir noz votes contre la peste. Ô (dist Grandgouzier) pauvres gens, estimez vous que la peste viengne de sainct Sebastian ? Ouy vrayment (respondit