Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demourer avecques luy, ou si mieulx aymoit retourner à son roy ? Toucquedillon respondit, qu’il tiendroit le party lequel il luy conseilleroit. Doncques (dist Grandgouzier) retournez à vostre roy, et dieu soit avecques vous. Puis luy donna une belle espée de Vienne, avecq le fourreau d’or faict à belles vignettes d’orfeverye, & un collier d’or pesant sept marcz, garny de fines pierreries, à l’estimation de cent soixante mille ducatz, & dix mille escuz par present honorable. Après ces propous monta Toucquedillon sus son cheval. Gargantua pour sa seureté luy bailla trente hommes d’armes & six vingt archiers soubz la conduicte de Gymnaste, pour le mener iusques es portes de la Roche clermaud, si besoing estoit. Icelluy departy le moyne rendit à Grandgouzier, les soixante & deux mille salutz qu’ilz avoit repceu, disant. Cire ce n’est ores, que vo’doibvez faire telz dons, attendez la fin de ceste guerre, car l’on ne sçait quelz affaires pourroient survenir. Et guerre faicte sans bonne provision d’argent, n’a qu’un souspirail de vigueur. Les nerfz des batailles sont les pecunes. Doncques (dist Grandgouzier) à la fin ie vo’contenteray par honeste recompense, & tous ceulx qui me auront bien servy.