Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/171

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sortit avecques quelque bande d’homems d’armes de sa maison : et là feut receu & festoyé à grandz coups de canon que gresloient devers les cousteaux, dont les Gargantuistez se retirèrent au val, pour mieulx donner lieu à l’artillerye. Ceulx de la ville defendoient le mieulx que povoient mays les traictz passoient oultre par dessus sans nul ferir. Aulcuns de la bande saulvez de l’artillerie donnèrent fierement sus noz gens, mais peu profitèrent, car tous feurent repceuz entre les ordres, & là ruez par terre. Ce que voyans se vouloient retirer, mais ce pendent le Moyne avoit occupé le passaige. Par quoy se mirent en fuyte sans ordre ny maintien. Aulcuns vouloient leur donner la chasse, mais le Moyne les retint craignant que suyvant les fuyans perdissent leurs rancz, & que sus ce poinct ceulx de la ville chargeassent suz eulx. Puis attendant quelque espace, & nul ne comparant à l’encontre, envoya le duc Phrontiste pour admonester Gargantua à ce qu’il avanceast pour empescher la retraicte de Picrochole par celle porte. Ce que feist Gargantua en toute diligence & y envoya quatre legions de la compaignie de Sebaste, Mais si toust ne peurent gaigner le hault, qu’ilz ne rencontrassent en barbe Picrochole & ceulx qui avecques luy s’estoient espars.