Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/178

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ratz. Ilz nous feurent l’année première icy payez : la seconde de franc vouloir en paièrent xxiij. cens mille escuz : la tierce xxvj cens mille : la quarte troys millions, & tant toutousiours croissent de leur bon gré, que serons contrainctz leurs inhiber de rien plus nous apporter. C’est la nature de gratuité. Car le temps qui toutes choses erode & diminue, augmente, & accroist mes biensfaictz, par ce qu’un bon tour liberalement faict à homme de raison, croist continuement par noble pensée & remembrance. Ne voulant doncques aulcunement degenerer de la debonnaireté hereditaire de mes parens, maintenant ie vous absouz & delivre, & vous rends francs & deliberez comme par avant. Dabondant serez à l’yssue des portes payes chascun pour troys moys, pour vo’pouvoir retirer en vo’maisons & familles, & vous conduiront en saulveté six cens hommes d’armes, & huyt mille hommes de pied soulz la conduicte de mons escuyer Alexandre, affin que par les paisans ne soyez oultraigé. Dieu soit avecques vous. Ie regrette de tout mon cueur que n’est icy Picrochole. Car ie luy eusse donné à entendre que sans mon vouloir, sans espoir de accroistre ny mon bien, ny mon nom, estoit faicte cette guerre. Mais puis qu’il est esperdu, & ne sçayt on où, ny comment est esvanouy, ie veulx que son royaulme demeure entier à son filz.