Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/32

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iouyssance & le bleu : choses celestes. Ientends bien que lisans ces motz, vo’mocquez du vieil beuveur, et reputez l’exposition des couleurs par trop indague, et abhorente : & dictes que blanc signifie foy : et bleu, fermeté. Mais sans vous mouvoir, courroucer, eschaufer, ny alterer (car le temps est dangereux) respondez moy si bon vous semble. D’aultre contraincte ne useray envers vous, ny aultres quelz qu’ilz soyent. Seulement vo’diray un mot de la bouteille. Qui vo’meut ? qui vous poinct ? qui vous dict ? que blanc signifie foy : et bleu fermeté ? Un (dictez vous) livre trepelu, qui se vend par les bisouars et porteballes on tiltre. Le blason des couleurs. Qui l’a faict ? Quiconques il soyt, en ce a esté prudent, qu’il n’y a poinct mis son nom. Mais au reste, ie ne sçay quoy premier en luy ie doibve admirer, ou son oultrecuydance, ou la besterie. Son oultrecuydance, qui sans raison, sans cause, & sans apparence, a ausé prescrire de son autorité privée quelles choses seroient denotées par les couleurs : ce que est l’usance des tirans qui voulent leur arbitre tenir lieu de raison : non des saiges & scavens qui par raisons manifestes contentent les lecteurs. Sa besterie : qui a exprimé que sans aultres demonstrations & argumens valables le monde reigleroyt ses divises par ses impositions badaudes. De faict (comme