Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/89

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scher que les estourneaux ne mangeassent les raisins. En quel temps les fouaciers de Lerné passoient le grand quarroy menans dix ou douze charges de fouaces à la ville. Lesdictz bergiers les requirent courtoisement leurs en bailler pour leur argent au pris du marché. Car notez que c’est viande celeste, manger à desieuner des raisins avecq la fouace fraiche, mesmement des pineaulx, des fiers, des muscadeaux, de la vicane, & des foyrars pour ceulx qui sont constipez de ventre. Car ilz les font dasler long comme un vouge : et souvent cuydant peter ilz se conchoyent, dont sont nommez les cuidez de vendanges. A leur requeste ne feurent austunement enclinez les fouaciers, mais (que pys est) les oultragèrent grandement en les appellant Trop d’iteulx, Breschedens, Plaisans rousseaulx, Galliers, Riennevaulx, Rustres, Challans, Hapelopis, Trainegeines, gentilz Floquetz, copieux, Landores, Malotruz, Dendins, Baugears, Tezez, Gaubregeux, Gogueluz, Clacledens, Boyers d’estons. Bergiers de merde, & austres telz epithetes diffamatoyres, actionstans que poince à eulx n’apartenoit manger de ces belles fouaces : mais qu’il z se debvoient contenter de gros pain ballé, & de tourte. Auquel outraige un d’entreulx nommé Frogier, bien honeste homme de