Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/136

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sa pomme. Et ce faict Pantagruel se parforce de rendre sa guorge, et facillement les mist dehors, et ne monstroient en sa guorge en plus qu’ung pet en la vostre, et là sortirent hors de leurs pillules ioyeusement. Il me souvenoit quand les Gregeoys sortirent du cheval en Troye. Et par ce moyen fut guery et reduyt à sa premiere convalescence. Et de ces pillules d’arain en avez une en Orleans sus le clochier de l’esglise de saincte Croix.


Vignette 136
Vignette 136

R messieurs vous avez ouy ung commencement de l’histoire horrificque de mon maistre et seigneur Pantagruel. Icy ie feray fin à ce premier livre : car la teste me faict ung peu mal, et sens bien que les registres de mon cerveau sont quelque peu brouillez de ceste purée de Septembre.

Vous aurez le reste de l’histoire à ces foires de Francfort prochainement venantes : et là vous verrez comment trouva la pierre philosophalle. Et comment il passa les monts Caspiens, comment il naviga par la mer Athlanticque et desfit les Caniballes et conquesta les isles de Perlas. Comment il espousa la fille du roy de Inde dit Prestre Iehan. Comment il combatit contre les diables, et feist brusler cinq chambres d’enfer, et rompit iiii. dentz à Lucifer et une corne au cul. Comment il visita les regions de la lune, pour sçavoir si à la verité la lune n’estoit pas entiere : mais que les femmes en avoient iii. quartiers en la teste. Et mille aultres petites ioyeusettez toutes veritables : ce sont beaux textes d’evangilles en françoys. Bonsoir messieurs, pardonnate my, et ne pensez pas tant à mes faultes que vous ne pensez bien es vostres.


Finis.