Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/63

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Et ainsi comme ilz me roustissoient, ie me recommandoys a la grace divine, ayant en memoire le bon sainct Laurent, et tousiours esperoys en Dieu, quil me delivreroit de ce torment, ce qui fut faict bien estrangement. Car ainsi que me recommandoys bien de bon cueur a dieu, cryant. Seigneur Dieu ayde moy. Seigneur Dieu saulve moy. Saigneur Dieu oste moy de ce torment, auquel ces traitres chiens me detiennent, pour la maintenance de ta foy. Le roustisseur sendormyt par le vouloir divin, ou bien de quelque bon Mercure qui endormit cautement Argus qui avoit cent yeulx. Or quand ie vy quil ne me tournoit plus en routissant, ie le regarde, et voy quil sendort, ainsi ie prens avecques les dens ung tyson par le bout, ou il nestoit point brusle, et vous le gette au gyron de mon routisseur, et ung aultre le gette le mieulx que ie peuz soubz un lict de camp, qui estoit aupres de la cheminee, ou y il avoit force paille. Incontinent le feu se print a la paille, et de la paille au lict, et du lict au solies qui estoit embrunche de sapin faict a quehues de lampes. Mais bon fut, que le feu que ie avoys gette au gyron de mon paillard routisseur luy brusla tout le penil et se prenoit aux couillons, sinon quil nestoit point tant punays quil ne le sentit plus tost que le iour, et debouq estourdy se levant crya a la fenestre tant quil peult dal baroth, dal baroth, qui vault autant a dire comme, au feu, au feu : et vint droict a moy pour me getter du tout au feu, et desia avoyt couppe les cordes dont on mavoit lye les mains, et il couppoit les lyens des pieds, mais le maistre de la maison ouyant le cry du feu, et en sentant la fumee de la rue ou il se pourmenoit avecques quelques aultres Baschatz et Musaffiz, courut tant qu’il