Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/71

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y en avoit ià bien mys deux balles & demye, & s’eſbahyſſoit que diable ceſte playe eſt parfonde, il y entreroit de mouſſe plus de deux charretées, & bien puiſque dieu le veult, & touſiours fourroit dedans. Mais le regnard l’adviſa. Ô compere lyon mon amy, ie te pry ne metz pas icy toute la mouſſe, gardes en quelque peu, car il y a encores icy deſſoubz ung aultre petit pertuys, qui put comme cinq cens diables. Ien ſuis empoiſonné de l’odeur tant il eſt punays. Ainſi fauldroit il garder ces murailles des mouſches, & mettre des eſmoucheteurs à gaiges. Lors dit Pantagruel. Et comment ſcez tu, que les membres honteux des femmes ſont à ſi bon marché : car en ceſte ville il y a force preudefemmes chaſtes & pucelles. Et ubi prenus ? diſt Panurge. Ie vous en diray non pas mon opinion, mais vraye certitude & aſſeurance. Ie ne me vante pas d’en avoir embourré quatre cens dix & ſept depuys que ſuis en ceſte ville, & s’il n’y a que neuf iours, voire de mangereſſes d’ymaiges & de theologiennes. Mais à ce matin iay trouvé ung bon homme, qui en ung biſſac tel comme celluy de Eſopet, portoit deux petites fillotes de l’aage de deux ou troys ans au plus, l’une devant, l’aultre derriere. Il me demanda l’aulmoſne, mais ie luy feis reſponce que iavoys beaucoup plus de couillons que de deniers. Et apres luy demande. Bonhomme ces deux filles ſont elles pucelles ? Frere diſt il. Ià deux ans a que ainſi les porte & au regard de ceſte cy devant, laquelle ie voy continuellement en mon advis qu’elle eſt pucelle, touteſfois ie n’en vouldroys pas metre mon doigt au feu : quant eſt de celle que ie porte derriere, ie n’en sçays ſans faulte riens. Vrayment diſt Pantagruel, tu es gentil compaignon, ie te veulx habiller de ma